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L'arbitrage .. Une passion
3 décembre 2012

La Libre Argentine

Notre Greg National est parti pour le Champion's Challenge à Buenos Aires ... Il nous livre son petit journal habituel lors de ses tournois : argentine_pt-015

 

Partie 6

Mercredi, deuxième journée de repos. Après avoir terminé la phase des poules, nous entrerons le lendemain dans la dernière – et plus sérieuse – partie du tournoi. Les quarts de finales sont à élimination directe, sans passer par la case départ. The winners takes it all (en rosbif dans le texte). Quatre équipes pourront ensuite se disputer les demi-finales, tandis que les quatre autres devront se battre dans la poule de la relégation, cherchant, comme son nom l’indique, à assurer le maintien. Chaque match doit avoir un vainqueur, fut-ce éventuellement par le difficile système dit des « shoot-outs » (variante de la série des strokes). Après avoir digéré les œufs-bacon, nous nous rendons au 20ième étage de notre hôtel pour avoir une réunion avec une belle vue sur la crique (et non pas l’inverse). Les umpires manager ont organisé une réunion afin de passer en revue une nouvelle fois quels sont les éléments essentiels de cette procédure. Nous discutons des nombreux choses qui se sont bien passées au niveau de l’arbitrage jusqu’à présent, ce qui était long, et des choses qui ont moins bien marché, ce qui était très court. Grâce à mon expérience, j’arrive à dormir en hochant la tête positivement. Un must pour ce genre de réunions…

baballe

Celui qui trouve la balle…

Nous lunchons comme les athlètes, suivant un régime spartiate de salade, jambon-fromage, quelques patatas fritas et, bien entendu, full mayo. L’après-midi, nous avons quartier libre que nous utilisons, au gré des envies, à aller flâner en ville, dormir dans sa chambre sous airco, facebooker sur internet, ou trainer autour de la piscine et y rôtir à l’ombre des palmiers. J’entame personnellement une exploration du village avec deux de mes collègues. Cathédrale, quelques parcs, de belles statues de conquistadors s’étant battus pour l’indépendance, et, surtout, le shopping street. La quête des cadeaux s’avère cependant plus difficile que prévu. Si l’on excepte les très nombreux magasins de sport et d’accessoires hifi, seules quelques boutiques essaient d’écouler des attrapes-touristes en cuir et autres bols de mathé ou couteaux locaux. Malheureusement pour eux, je n’ai pas l’intention de faire une imitation de Johny Hallyday, ni de boire du thé en Belgique et encore moins de m’équiper d’un couteau dans l’avion (à moins que ce ne soit pour émasculer un steward à barbichette). Nous quittons bredouilles l’échoppe, au grand désespoir du vendeur qui espérait payer les études de ses enfants avec notre clientèle. Le soir, un petit groupe, dont votre serviteur, repose son estomac en allant manger dans un restaurant italien. Nous subissons encore les effets du paradis des carnivores de la veille. Puis nous rentrons (Oserais-je ? Oui…) ravis au lit.

Le lendemain, jeudi, j’arbitre le quart de finale opposant la Pologne à l’Irlande. Les deux seules nations européennes présentes à ce stade s’opposent dans un combat de styles très différents. Là où l’Irlande a un jeu rapide et physique, la Pologne a un jeu de salle lent mais très technique. Un des points extrêmement positifs de ce match, est que c’est la troisième rencontre de la journée. Cela veut dire que je peux me rester sous les draps jusqu’en début d’après-midi, au grand dam de mon compagnon de chambre, Geoff, qui doit se lever pour la 4ième fois aux aurores (6h00 du matin). J’applique le proverbe « Ce n’est pas tout d’être heureux, encore faut-il que les autres soient malheureux ». Quelques heures plus tard, ayant vidé mon tube de crème solaire indice 50, j’ai le plaisir d’arbitrer ce quart de finales bien engagé, qui se solde par une victoire étriquée des irlandais. Fait de match amusant, une balle irlandaise déviée s’est retrouvée dans le pare-brise de notre bus, qui était dès lors pétée comme une canalisation de Reykjavík en hiver. Notre chauffeur s’est réveillé en sursaut ! Comme le disait le chauffeur de Lady Di, fait pas s’endormir derrière le volant…

GregTout est dans le mouvement de la tête

Nous sommes invités le soir avec tous les officiels par l’un des directeurs technique du tournoi, qui est par ailleurs un des pontes de la FIH, à dîner chez lui. C’est là tout l’esprit et l’avantage du hockey : c’est un sport international et une grande compétition, mais avant tout une famille où la bonne éducation et l’hospitalité sont des éléments cruciaux. Nous sommes reçus en grande pompe chez lui, dans sa maison, qui est tout sauf un logement social étant donné qu’il se compose de plusieurs bâtiments. Un barbecue gigantesque nous attend. Il y a même un mouton entier attaché à un poteau qui a cuit pendant 24 heures au-dessus d’un feu de braises. C’est une spécialité argentine, me vante-t-on. Que nenni-je ! C’est une vieille recette européenne, que les anglais ont déjà pratiqué avec Jeanne d’Arc en 1431. Nous festoyons gaiment et ripaillons bœuf, mouton et volaille dans une ambiance médiévale. Magnifique !

Nouvelle journée de repos le lendemain. Visite de la ville et repos à l’hôtel sont au programme. Petit match de tennis animée contre Geoff et quelques brasses dans la grande piscine (la profonde, pas la petite piscine d’intérieur, où les enfants et les japonais ont pied). Vendredi soir, nous assistons tous à un spectacle de Tango dans une salle de théâtre. Je mets mon allergie à la musique de côté et assiste à ce qui était en fait un grandiose spectacle ! Le tango argentin est tout simplement magnifique. Pas très masculin, mais magnifique. Le groupe se prépare pour la dernière ligne droite : le weekend des finales. Personnellement, à l’unanimité moins une voix, je m’estime prêt pour mon 5ième match du tournoi, Afrique du Sud (et oui…) c./ Japon. Let’s go !

Fidèles lecteurs, suite au décalage horaire et au fait que les dernières journées sont fort chargées en matches importants et moments de détentes (qui sont tout aussi importants), il se peut que je termine cette modeste chronique à mon retour. Merci de votre compréhension.

Toute façon, vous n’avez pas le choix…

 

 

PART V :

Ce lundi, je me lève de bonne humeur en regardant la mer ensoleillée de la fenêtre de ma chambre.

En pensant à vous, j’allume mon poste à transistor Apple et écoute « Le lundi au soleil » de Claude

arg

François. Le contraste me fait sourire jusqu’à ce que, à mi-chanson, sa voix nasillarde m’horripile à nouveau tel un prof de primaire griffant ton tableau noir avec ses ongles. Qu’à cela ne tienne, je coupe le tourne-disque et descends prendre un petit-déjeuner royal avec l’équipe. Nous sommes tous d’humeur guillerette ce matin, étant donné que c’est notre première journée de repos. Après deux jours de travail, voilà un rythme que même un syndicaliste wallon n’a pas encore envisagé.

 

Petite vue de ma chambre au coucher du soleil

Nous avons décidé de faire une visite du delta du Tigre, où la rivière Parana se jette dans le Rio de la Plata aux alentours de Buenos Aires. Je ne compte pas vous wikipédier la visite que nous faisions, mais retenez que cette rivière est tout d’abord aussi brune qu’un thé anglais (avec un nuage de lait, œuf corse), large, et très longue. Nous naviguons sur un bateau mouche qui, au vu des commodités, mérite bien son nom. Lors des premiers kilomètres, la rivière est large et impressionnante. De nombreuses épaves et carcasses de bateaux délaissés jonchent les côtés de la rivière. Au centre, c’est un chassé-croisé de yachts, bateaux à moteurs, ski-nautiques et pirogues. Après quelques temps de navigation, nous entrons dans le Delta lui-même. C’est, comment vous dire, un peu le Lathem-Saint-Martin nautique de Buenos Aires. Cosy, chique, bien équipé, gazon tondu à ras, architecture un peu tape-à-l’œil, saules pleureurs, bancs de jardins en bois, les maisons de weekend se succèdent dans un immense dédale de ruelles nautiques. Ce quartier est uniquement accessible par bateau, qui se croisent par centaines dans ces petites ruelles. Il y a même des bateaux-bus (pour le personnel de maison j’imagine). Je remarque tout de suite que ce n’est pas ici que j’aurai du succès en jetant généreusement quelques bics et ballons gonflables que j’ai emmenés de Belgique à l’attention de la population locale… (je sais je suis trop bon). Puisque nous ne pouvons pas jeter de stylos, nous jetons l’ancre à hauteur d’un petit parc. Tennis, football, restauration dans l’ombre des palmiers, un peu de repos la bière locale en main nous fait le plus grand bien. Heu-reux.

Retour au bercail à une heure raisonnable en vue de se préparer pour le repas du soir. Ces journées passent trop vite. Pour changer, nous décidons de nous sustenter dans une auberge pratiquant la cuisine indienne, afin de faire plaisir aux asiatiques parmi nous (l’indien, le chinois et le japonais). La cuisine fut à la hauteur de mes désespérances. Collante, trop épicée, sans nuance et sans qu’on puisse reconnaître l’animal (j’espère du moins) qui mijote dans le plat jaune-orangée qu’on a balancé devant moi, j’avale tant bien que mal la mixture. « De gustibus coloribusque non disputandum est », philosophe-je à l’attention de mon collègue chinois assis à côté de moi, le nez dans le bol. « Yes. Me too. » me répond-il avec conviction, démontrant ainsi que, contrairement à ce qu’on pensait, il maître parfaitement l’anglais. L’épreuve passée, nous payons l’honteuse addition du restaurateur indien et après (forcément), on roupille.

Ce mardi, reprise du tournoi et je m’apprête à arbitrer le match Afrique du Sud contre l’Irlande. Certes, c’est la troisième fois que j’arbitre l’Afrique du Sud durant ce tournoi, mais personne ne s’en plaint, à part Ted (facile…). Et j’ai le plaisir de retrouver de nombreux joueurs connus sur le terrain, dans les deux équipes, puisqu’il y a de nombreux étrangers ici qui jouent dans notre championnat belge. L’équipe d’Afrique du Sud a, par exemple, un joueur qui est également le coach à Gand de celle qui me manque encore plus... Le match est très important car l’Irlande, bien que pratiquant un excellent hockey, n’a pas engrangé de bons résultats. La victoire est primordiale pour les équipes afin de ne pas se retrouver face à un adversaire de trop gros calibre lors des quarts de finales à venir. J’arbitre avec mon collègue japonais nippon Satoshi Kondo. Etant donné qu’il est du pays du soleil levant, je prends le côté du terrain qui a le soleil dans le dos et lui laisse le soleil dans les yeux, qui sont naturellement un peu moins ouverts que les miens. D’ailleurs, j’ai voulu faire de même (laisser le soleil dans les yeux de mon collègue) lors du premier match, mais figurez-vous qu’ici, le soleil tourne dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Perturbant. Très perturbant. En tous les cas, ce fut un grand match, passionnant, plein d’évènements, de buts, et dont nous sommes sortis fiers. 3- 1 pour les irlandais, qui engrangent avec soulagement leur première victoire. Les Sud-Africains se retrouvent hélas pour eux derniers de leur poule.

Nous quittons l’enceinte du club après avoir assisté à la victoire de l’Argentine sur le Japon. Le trajet de l’endroit du tournoi à l’hôtel se fait dans un grand bus fort confortable. Le bus des officiels bénéficie (enfin) d’une escorte policière, comme celle des équipes. Ce n’est pas que c’est tant nécessaire au niveau sécurité (bien que), mais nous traversons plus rapidement les premiers quartiers quelque peu (beaucoup) pauvres qui entourent le stade. Les gens de ce quartier s’étonnent du passage en force de ce bus surdimensionné par rapport à leurs maisons et tentent de reconnaître les stars qui s’y trouvent. J’aimerais bien leur lancer des bics, à eux, mais ouvrir la fenêtre risque de diminuer l’effet de l’air conditionné dans mon bus. Je me contente dès lors de les saluer à travers la vitre teintée. Et ces gens nous prouvent également que, contrairement aux idées reçues, les voitures françaises peuvent tenir plus de 20 ans. Nous écartons en effet à l’aide des policiers de nombreuses Peugeot 504, Renault 21, Citroën BX qui roulent encore tant bien que mal.  

Mes amis, oubliez tout ce que je vous ai écrit à propos de la gastronomie argentine !! Nous sommes allés à un restaurant le long du port, connue pour sa cuisine argentine, ses viandes et barbecues en tous genres. Ce fut tout simplement extraordinaire. Après une entrée aux huîtres, langoustines et autres saumons, nous avons pris le menu carnivore par excellence. Quel délice. Un rêve pour nous, un cauchemar pour les végétariens. Cette fois-ci, si nous voulions un morceau de viande tendre et bien cuit, sans excès, il n’était pas nécessaire de le confirmer au serveur par courrier recommandé avec accusé de réception. Il revenait régulièrement avec une épée sur laquelle se trouvait un immense morceau de viande du barbecue, dont il découpait un généreux morceau sur nos assiettes, dans un geste du style Saint Martin de Tours. La viande a un goût unique. On sent le fier animal qui a traversé les plaines de la Pampa sous le contrôle viril des gauchos à cheval avant de se retrouver dans mon assiette. Car ils en ont encore, des gauchos, là-bas en Argentine. Nous, en Belgique, comme gaucho, nous avons un dandy montois à nœud papillon rouge. Ce n’est pas la même chose… Nous quittons le restaurant heureux, la panse pleine de souvenirs. Le sommeil devra attendre la digestion, mais qu’à cela ne tienne, je suis heureux de m’être réconcilié avec la gastronomie argentine.

 

gregg

Petite vue de la terrasse du restaurant…

 

DAY 4 :

Le tournoi commence ! Les premières désignations ont été distribuées la veille. Je me vois désigné à une intéressante rencontre Afrique du Sud contre le Japon, à 15h00 du matin. Le transport de l’hôtel vers le terrain pour les arbitres ne nous permet que deux options : partir à 8h00 du matin ou 13h00 pour arriver au terrain une heure après. Ce n’est pas que je n’avais pas envie de voir les premières rencontres du tournoi, ni de soutenir mes collègues chargés de les mener, mais je ne suis pas venu ici pour me lever à une heure où les facteurs terminent leur service. Faut pas pousser. Choisissant la seconde option, je m’octroie un réveil à l’aise, petit-déjeuner avec mon collègue australien, qui a lui aussi bien fait aussi de rester aussi longtemps que possible sous ses draps. Ce matin, il a le regard aussi vif que celui d’un vieux poisson sur un lit de glace. Nous dégustons notre English breakfast (et oui, en Argentine, les breakfasts sont comme les îles Falkland, à savoir anglaises) à notre aise. Moment de silence et de méditation avant le début du tournoi, qui n’est que brisé par quelques tentatives vaines de mon collègue d’entamer une conversation. Je botte en touche. D’abord, je ne cause pas le matin avant ma 3ième tasse de café et la fin de la lecture des pages sports de la Libre, mais ensuite, et surtout, je ne pige rien à ce qu’il cause l’ami Australien. Faut dire que pour imiter l’accent australien, c’est simple : il suffit de se pincer le nez et de parler anglais sans remuer les lèvres. C’est impigable ! Mais je ne lui en veux pas. Somme toutes, et sans tomber dans les clichés, il reste un descendant de bagnards, non ? Après mes œufs-bacon pour le goût et quelques fruits pour la bonne conscience, je passe la matinée à reluire mes chaussures de hockey, à repasser mon pantalon, à faire blinquer mes cartes, à ramoner mon sifflet, bref, à me préparer pour le tournoi.

Afrique du Sud contre Japon est une rencontre entre deux pays émergents du hockey. Le niveau des japonais a fortement augmenté ces dernières années et est venu se placer quasi au même niveau que son opposant du jour. Le match fut passionnant et spectaculaire. Les Sud-africains ont mené 4-1, avant de craquer et de se faire rejoindre à 4-4. Un beau spectacle dans le beau complexe de hockey. Rentrée en matière avec succès, je suis satisfait de moi comme un politicien. Je rejoins mes compagnons au vestiaire, qui jouxte un autre vestiaire ou se bousculent quelques joueurs, officiels, gens cravatés et médecins. Que pasa ? Contrôle anti-dopage, m’annonce-t-on. Quelle idée ! Nous sommes au hockey pardi, et je suis certain qu’aucun joueur ne se dope. Pas au hockey tout de même, ce sport où les joueurs pratiquent finalement une version amélioré et collective du croquet, ou l’herbe est synthétique et où les arbitres ont des longs pantalons en flanelle. Le dopage, c’est dans les autres sports, comme le cyclisme et le football, où les jeunes sont prêts à mourir à 40 ans pour tenter d’échapper quelques années à leurs destins de prolétaires. Allons allons, franchement…

Greg

Un samedi soir sur la terre plus loin, me voilà désigné avec l’ami espagnol pour siffler le match de la journée, l’Argentine contre l’Afrique du Sud. Grosse affiche et je me réjouis de pouvoir arbitrer l’équipe locale, ce qui garantit un stade à peu près plein. Le match fut très rapide, d’un niveau largement supérieur à ceux que nous avions vu ce jour, mais quelque peu tendu. Victoire 2-1 pour les locos, euh, les locaux. Ambiance des grands jours, presse, public, fans, etc… Un grand match et deux umpires managers satisfaits de notre gestion. Ça en fera toujours deux, positive-je.

Retour à l’hôtel, à une heure tardive comme tous les jours, mais les argentins et espagnols aiment manger leurs tortillas et quartiers de viande à une heure où les gens honnêtes dorment. Qu’à cela ne tienne, nous partons tous en vadrouille en ville pour aller déguster un bon repas, étant donné que nous abordons … un jour de repos. Croyez que nous l’avons bien mérité après tant d’efforts. Mes papilles sont épuisées. Une fois n’est pas coutume dans le restaurant, la qualité du bovin excellait celle du cuisinier. J’avais demandé mon filet « bleu », « rare », « non cuito », « juste shsh – shsh rapido », « oun pocco ma non tropo ». « Si » promettait sans y croire le valet d’hacienda. Damned, ce péone déguisé en serveur m’a amené un steak tellement cuit qu’il avait l’intérieur gris comme un ciel de Belgique et sec comme la gorge d’un bébé du sahel. Quand tu demandes une cuisson, ou même en général quand tu demandes quelque chose à un argentin, et qu’il te répond « si » (à prononcer avec la langue entre les dents), c’est qu’il n’a rien compris. Heureusement, un petit rouge-qui-tâche dont je vous tairai le cépage a agrémenté tout cela. J’ai bien mangé, mens-je au serveur en quittant le restaurant et en le (muchas) graciant généreusement. Je suis trop bon. 

 

Day 3 :

Nous en étions au briefing des arbitres. Après avoir fait semblant d’être intéressés pendant deux heures, nous méritons de laisser tomber nos paupières qui ont tenu tant bien que mal pendant le discours des Umpires Managers. A défaut de soleil et de température tropique sur la terrasse, je me contente du néon et de l’airco de ma chambre pour répondre à mes courriers de fans, écrire à mes clients désespérés, et envoyer un petit mot à celle qui me manque déjà tant. Lorsque soudain, et alors que je n’étais pas dans ma baignoire, le téléphone sonne. Un vrai téléphone, en bakélite d’origine, avec un cadran avec des boutons de 1 cm qui s’enfoncent et deux fils : l’un entortillé qui relie la poignée à un gros boitier, et l’autre qui part du boitier qui s’enfonce dans le mur. Mon collègue et moi regardons la larme à l’œil cette relique qui fait trembloter la table de nuit, un peu ému de voir comment nos ancêtres faisaient avant l’invention de cet emmerdeur de poche appelé communément GSM. Sortant de notre torpeur à la 32ème sonnerie, je prends la poignée, ce qui fait arrêter le bruit. Je Navarro-j’écoute. C’est l’patron. Il veut que je fasse un match amical Argentine contre Corée du Sud départ dans 30 minutes. Ô capitaine mon capitaine, j’accepte en salut militaire. Me voilà parti pour aller siffler cette belle joute dans le stade du tournoi, à Quilmès (comme la bière belge du même nom). En regardant la composition de l’équipe argentine, je remarque qu’il contient encore certainement 5 ou 6 joueurs qui ne jouent pas (encore) dans le championnat belge. Faudra que j’en parle à mon copain Marcel (le passe-partout de l’Orée) quand je serai de retour en Belgique ! Le match en soi n’est pas terrible, ce qui est prévisible pour un match de préparation juste avant le début d’un tournoi. Les joueurs se dérouillent les jambes et nous les laissons se bousculer avec un regard bienveillant. Les cartes étant quasi proscrites dans ce genre de rencontres, par règle séculaire, nous sommes un peu comme des chasseurs faisant un tour du bois la veille d’une chasse, avec un fusil sans cartouches. Si ça fait rire les lapins aujourd’hui, qu’ils sachent qu’ils ne perdent rien pour attendre ! Retour au bercail après cette partie peu emballante.

Les Umpires Managers nous annoncent qu’on aura droit à une seconde tentative du beep test, si Monsieur Météo nous le permet. Sachant qu’on a un important test physique le lendemain matin, nous nous contentons d’un modeste steak-Malbec au village avant de plonger sous nos draps.

Afin d’être certain que le temps soit avec nous, j’ai réservé durant la nuit le même sort à mon ami indien que celui d’Assurancetourix en banquet de fin d’Astérix. Le lendemain, le temps est gris, mon collègue indien aigri, mais il ne pleut pas. CQFD. Après le petit-déjeuner, nous nous rendons sur les terrains de tennis de l’hôtel pour y passer notre test physique. Nous y sommes seuls, bien à l’aise, étant donné que les terrains de tennis sont aussi déserts qu’une épicerie Chiite au centre de Tel-Aviv en ce moment. Le but du test étant de relier deux points situés à 20 m l’un de l’autre et d’atteindre l’autre à chaque fois qu’on entend le « Beep » (« Bip » en français, pour ceux qui ne maîtriseraient pas l’angliche). Je propose de placer les deux points des deux côtés du filet du tennis, question de faire un beep-test-haie qui pimenterait quelque peu cet exercice. Refusé à l’unanimité de mes collègues de moins d’1m60. Nous passons donc le test classique et tous les arbitres ont réussi. Programme du reste de la journée : se reposer de cette rude épreuve. J’aime, dirais-je en langage facebookien. Je débranche le fil du bigophone, afin d’être certain de ne pas être dérangé par une urgence, puis je me lance négligemment dans l’écriture ces quelques lignes.

Fin d’après-midi, mon compagnon de chambre me hèle. Tiens, je ne vous ai pas encore parlé de celui qui partage ma chambre, mon collègue et néanmoins ami irlandais Geoff Conn. Lorsque je l’ai rencontré la première fois, je lui ai dit, avec l’accent d’Henry Stanley « Tu es Conn, je suppose ». Il acquiesçât. J’ai ri (comme le féculent asiatique du même nom). Le début d’une belle amitié. Bref, il me lance au défi de retourner sur les terrains de tennis pour y taper la balle. (Champions) Challenge accepted. Nous retournons aux terrains, qui sont toujours aussi déserts, à part une boule d’herbe séchée qui traverse le cours poussé par le vent et un mexicain basané qui joue de l’harmonica. Nous avons joué une belle partie de tennis, où je lui ai montré pourquoi mes amis me surnommaient Rodgeur. Enfin presque. Surtout presque d’ailleurs.

Dernière soirée avant le début du tournoi, et le groupe sent monter la pression. Petite restauration du soir, sans excès, avant l’aller dormir. Là, j’ai commis ma première erreur. J’ai commandé un plat de pâtes ! Mal m’en a pris. J’aurais pourtant dû me méfier lorsque le serveur m’a demandé si je voulais mes pâtes « rare* », « medium-rare* » ou « à point* » (*en anglais dans le texte). Commander un plat de pâtes dans un restaurant argentin est aussi stupide que de commander de la viande dans un restaurant anglais, une fondue dans un restaurant italien, un repas diététique dans un resto américain, un plat non-piquant dans un restaurant indien ou un repas gastronomique dans un restaurant somalien. Leçon retenue. Demain, ce sera steak et Malbec.

Je vous laisse, j’dois aller arbitrer. On n’est jamais tranquille…

 

DAY 2 :

Notre première soirée à Buenos-Aires-village est plutôt intéressante. La ville a quelques grands boulevards et pour le reste, peu de grandes vues. Urbanistiquement, c’est un mélange de buildings immenses et modernes entourés de ruelles étroites, parfois lugubres, où se mêlent villas ordinaires, maisons style colonial-sud-américain, garages pourris, ramassis de tôle sensés former le domicile d’une famille nombreuse et autres bicoques en tous genres et de toutes architecture. Il est difficile, même pour un esprit peu cartésien comme le mien, ouvert à toutes les fantaisies et non restreint par une éducation joséphiste, de trouver une logique dans la gestion urbanistique de la ville. La ruelle sordide donne sur un boulevard à trois bandes dans les deux sens qui mène nulle part, et qui en vient également. Caramba. J’imagine que le bureau d’urbanisme de cette ville a été et est peuplé de gens aussi compétents que ceux qui peuplaient le ministère des finances grecque. A la vue de l’architecture de son continent, Oscar Niemeyer doit se retourner dans la tombe dans laquelle il n’est toujours pas, en dépit des lois de la physique. N’ayez pas peur, vous pouvez chercher le sens de la feintouille de ma phrase précédente sur Wikipedia. Comme le dirait Brigitte Bardot, « On n’est jamais trop culturé ».

Bref, toujours est-il que nous marchons gaiment dans les ruelles de Buenos Aires, avec la ferme intention de manger un morceau de vache gigantesque cuit avec maestria sur un feu de bois. Et nous trouvons bien vite notre bonheur dans un restaurant à peu près honnête pour un argentin, où nous dégustons nos premiers steaks avec une (petite) gorgée de vin local. Faisant honneur à la gastronomie locale, nous avons pris les spécialités d’ici, à savoir le steak et un vin rouge, cépage Malbec. Ce qui est bien avec le vin argentin, et le Malbec en particulier, c’est qu’il n’y a pas moyen de tricher : on voit tout de suite ceux qui en ont bu plus que les autres. On peut les reconnaître à leur beau sourire avec une dentition mauve. Ce vin est en effet aussi foncé qu’un encrier Waterman, raison pour laquelle Parker n’aime pas ce cépage dans son guide. Raisonnable étant mon deuxième prénom, je m’incline au bout de quelques gorgées et nous rentrons bien vite chez Raton pour sommeiller (placez la lettre « i » au bon endroit dans ce mot…).

Jeudi matin, test physique. Il est temps de passer le fameux « Beep test », pour lequel je me suis tellement entrainé, sous l’œil attendri et compatissant d’Eric Denis, notre guide international, flanqué de Vincent Loos, son patron. Je profite de ces quelques lignes pour leur prier de trouver dans ces quelques lignes l’expression éphémère de ma pesante reconnaissance pour leur suivi et soutient des internationaux en Belgique, qu’ils gèrent de main de maître dans un style « good cop / bad cop ». Tout à fait Roger Murtaugh et Martin Riggs. Donc, beep test, 9h30 du matin. Je descends les 20 étages de mon hôtel en prenant par l’escalier dans un élan de joie à l’idée de montrer que mon corps d’Apollon n’est pas qu’apparence, mais que ce n’est que du muscle. En bas, ô rage ô désespoir : un orage. Il pleut, et pas qu’un peu. Il pleuvait autant ce matin-là qu’une journée de novembre en Belgique, c’est dire ! Je maudis l’arbitre indien qui a dû faire une danse de la pluie sur le toit de l’hôtel durant la nuit pour échapper au test en le rendant impossible. Et qu’on ne me dise pas que ce n’est pas lui : c’est bien les indiens qui font des danses de la pluie dans Lucky Luke, non ? Nos Umpires Managers sont dès lors contraints, à regret, postposer cette épreuve à plus tard. Le terrain de hockey prévu pour le test, un terrain à eau, ne supporte pas la pluie (authentique). Ne cherchez pas l’erreur, il a probablement été construit par un architecte local…

Nous rentrons donc la mine déconfite et un peu dépité dans nos chambres, ayant reçu quartier libre pendant la matinée. What do we do now ?, chanterait Gilbert Bécaud. Décidé de ne pas passer ma matinée à regarder les feuilletons américains des années 70, doublé en espagnol, qu’ils passent à la télé nationale argentine, je me lance dans la salle de fitness. J’y retrouve la grande majorité des arbitres, et même mon idole au niveau sportif : Pierre-Luigi Collina !! Il était présent pour coacher l’arbitre du match de football Argentine / Brésil qui avait eu lieu la veille. Un grand monsieur, qui a un très mauvais coiffeur. Fier comme Artaban de le rencontrer, je cours à côté de lui sur le tapis roulant du fitness. Bien décidé de l’impressionner, je mets la vitesse au-dessus de la sienne. Il augmente. Même pas peur, j’en fais autant. Derechef. Et nous testostérons ainsi jusqu’il lâche, au bout de 8,05 km. Heureux comme un marathonien à l’arrivée, je continue pour montrer que je ne suis pas fatigué et cours encore quelque peu. Lorsque je me retourne enfin, après 9 km, il est parti. J’ai gagné, la joie se lit sur mon visage pourpre. La vie est faite de petits plaisirs… Temps de plonger dans la piscine, et d’assister à la réunion des arbitres. Briefing intéressant. Deux Umpires Managers, de continents différents, doivent faire en sorte que 10 arbitres venant des 5 continents (je ne compte pas le glaçon qui flotte là-haut on là en bas) arbitrent ensemble, comme un groupe, comme un seul homme, dans 48 heures. Beau défi. Nous y sommes parvenus. Du moins ceux qui comprennent la langue de J.K. Rowling. Les autres, je crains, se sont contentés de hocher la tête en faisant croire qu’ils parlaient anglais, un peu comme un taximen Newyorkais. Le début du tournoi approche. La concentration augmente.

 À suivre.

 

DAY 1 :

« Ne pleure pas pour moi, Argentiiiinneeu » Cette magnifique chanson évoque toutes les contradictions de ce pays : chantée par une prostituée ultra-catholique ayant repris le nom de la Vierge, jouant le rôle d’une femme de dictateur apparaissant au balcon en manteau de vison pour faire plaisir au peuple affamé en lui chantant une chanson dans une langue qu’il ne comprend pas. Mais je sens que je m’égare (du Midi) et que je dévie du vrai sujet de cette chronique, c’est-à-dire moi. La FIH, dans toute sa sagesse, m’a en effet désigné pour arbitrer le Champions Challenge 1 et moi, dénué de toute sagesse, j’ai accepté. Il se déroule du 20 novembre au 3 décembre à Buenos Aires, qui, et je le rappelle à tous les incultes et autres amateurs de téléréalité, est la capitale de l’Argentine.

Après une préparation minutieuse de plusieurs mois, où je me suis coltiné pas mal de matches remplis d’Argentins dans le championnat belge, qui en pullule (grand bien lui fasse), le jour du départ est enfin arrivé. De Zaventem à Londres, et de Londres à Buenos Aires, je survole (déjà) ce voyage avec British Airways (où contrairement à chez nous, le pilote se trouve à l’avant-droit de l’appareil). Voyage long, plein de turbulences et de trous d’air (surtout en classe économique) et fatiguant. Je me méfie particulièrement du Steward à la barbichette bien taillée, style perse, aux pommettes saillantes, aux doigts manucurés, et qui visiblement s’est mis un fond de teint qui rivalise avec sa crème de peau. Il met trop de plaisir à me sourire et à venir dare-dare (serait-ce le mot ?) lorsque j’enclenche le bouton « viens-steward-j’ai-soif » de mon fauteuil. Il y a une gêne et une méfiance chez moi, et puis je me dis que je n’ai pas à me faire d’illusions : un steward hétéro est aussi rare qu’un français multilingue. C’est donc lui qui est dans la norme, et moi qui avait tort de croire le contraire. Je ne touche plus à ce bouton, et me plonge dans les bras de Morphée (qui est un homme aussi, mais bon). J’atterris à l’aube, éreinté, certes soulagé, mais je refuse d’accompagner la centaine de plébéiens qui m’entourent dans une salve d’applaudissement envers le pilote qui a posé son coucou. Non mais, vous vous imaginez applaudir un chauffeur du TEC qui arrive à arrêter son bus dans les lignes prévues à cet effet (ce qui est certes rare) ? Il ne le comprendrait pas (pléonasme), le prendrai mal et, le lendemain, la FGTB grève-généraliserait tout le pays. Je me contente hocher la tête en regardant en l’air, afin que personne ne partage ma hautaine désapprobation. Le steward à la barbichette sourit. Il est temps que je quitte l’avion.

Mes premiers pas en Argentine se passent lentement, très lentement. Il faut passer le contrôle de douane, ce qui est plus long qu’on ne le pense. Sauf pour mon collègue autrichien, Michaël Eilmer, qui a visiblement eu quelques facilités. C’est vrai que depuis quelques décennies, quand on a un accent guttural, on rentre facilement en Argentine… Et c’est ensuite l’heure des amicales retrouvailles et grands étreints à l’aéroport lorsque je rencontre quelques collègues qui attendaient que le groupe soit complet pour quitter l’aérogare direction notre hôtel. À peine entrés dans notre minibus (ce qui en Argentine est formé de la jonction des mots « minables » et « autobus »), l’environnement nous rappelle la principale qualité des visiteurs de ce continent : la patience. Nous roulons patiemment dans les files de 11h30 à Buenos Aires pour aller à notre hôtel. Visiblement, 11h30 du matin, c’est l’heure de pointe ici : ceux qui se lèvent tôt vont à la sieste et croisent à ce moment-là ceux qui vont au travail, mais à l’aise, en même temps que les chômeurs qui vont jouer aux courses et ceux qui vont manger (et qui en ont les moyens) qui entament plus tôt leur pause déjeuner pour profiter de la sieste. Bref, c’est le boxon. Mais nous arrivons bien vite au Sheraton-promis où, après une heure et demie de patience, nous recevons nos chambres. Décalage obligé, le repos s’impose. Dont acte.

Le Sheraton, l’hôtel 5 étoiles que l’on m’a promis, porte bien la première syllabe de son nom. Non, je n’oserai pas me plaindre, ce n’est pas mon style, ce serait mal venu. Mais si je pouvais juste suggérer au Guide Michelin de repasser vérifier l’hôtel, ils constateront qu’il n’a pas du tout changé depuis les années 70 où il a été inauguré. Tout est d’origine, si vous voyez ce que je veux dire. Du lavabo à la lampe de chevet… Le manager de l’hôtel m’a assuré que c’est un 5-étoiles, mais il avait l’air aussi sincère qu’un des frères Garetta lorsqu’ils viennent te dire sur un terrain que tu t’es trompé. La seule chose de solide, c’est la porte en verre donnant sur le restaurant. Mon collègue et néanmoins ami japonais s’est pris la porte en verre en pleine figure, car il ne l’avait pas vu. Soit, ça arrive aux meilleurs, parait-il. Mais je vous assure que c’est drôle. Très drôle. Son nez, pourtant déjà pas très cléopatresque, saignait quelque peu. Il avait la tête de son drapeau dis donc. C’est fou comme un rien nous amuse dans cette partie du tiers-monde. Nous continuons l’après-midi au bord de la piscine, à potasser nos règles de jeu en prenant un bain de soleil. Mes amis, soyez certains que je pense à vous en ce moment…

À bientôt, pour la suite des aventures, mais pour autant que la lave incandescente de mon inspiration est toujours prête à jaillir, bien entendu !

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Commentaires
N
Dis donc, Greg, serais-tu voyant? Voir tes commentaire en jour 2... Les lois de la physique ont été respectés qq jours plus tard... (Oscar Niemeyer est décédé)
M
Merci Greg . merveilleux commentaire <br /> <br /> Marc
J
profite de mon pays!! et mange bien!! car t es pas trop muscle! :-) bon sejour et bon tornoi! <br /> <br /> Juane
G
Merci à tous pour vos réactions ! <br /> <br /> Je tâcherai de faire en sorte que la suite sois bon...<br /> <br /> Merci pour ton gentil message Amélie. Il me touche beaucoup.<br /> <br /> On se voit au plus tard à Noël. Avec un peu de chance avant.<br /> <br /> MP, je ferai de mon mieux pour les trouver !<br /> <br /> Bonne soirée à tous,<br /> <br /> Lui-même
M
J'oubliais... Tu penses à Pierre? Il n'a pas 1 centavo, 5 pesos et 25 pesos et nous avons vu sur un site qu'il existe beaucoup de pièces différentes, commémoratives, de 1, 2 ou 5 pesos. Un petit billet est également le bienvenu.<br /> <br /> Merci beaucoup !!!!!!!<br /> <br /> MP
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